HOMMAGE A MAITRE ROBERT COLLIN
Robert COLLIN nous a quittés en octobre dernier, à un moment symbolique, puisque c’était durant le Congrès de la Ligue Internationale du Droit de la Concurrence, à laquelle il a tant donné…
Robert aimait et savait trouver les mots justes pour exprimer ses idées et dérouler ses raisonnements.
Alors j’ai essayé moi aussi de trouver quatre mots justes pour éclairer sa personnalité et rendre compte du souvenir qu’il nous laisse.
PIONNIER du droit de la concurrence et du droit européen
Je reprends ce mot évoqué tout à l’heure par Jean-Louis FOURGOUX pour parler de Robert et de son ami Jacques LASSIER.
Il fallait, en effet, avoir un esprit bien curieux et le sens de l’aventure pour tout d’abord prendre le temps de lire le Traité de Rome, et en particulier son article 85, et pour ensuite oser se rendre à Bruxelles pour y déposer plainte au nom de l’importateur parallèle UNEF.
Ce fut l’arrêt GRUNDIG-CONSTEN, arrêt fondateur du droit européen de la concurrence.
Puis il y eut l’arrêt CAFE HAG, autre arrêt fondateur concernant les interférences entre le droit de la concurrence et celui de la propriété intellectuelle.
Pionnier, il le fut également en droit français de la concurrence.
N’est-ce pas lui qui a plaidé devant le Conseil de la Concurrence la ou l’une des premières affaires concernant cette nouvelle notion qu’était l’abus de dépendance économique, affaire qui, Louis MARTIN s’en souviendra, concernait en particulier un éleveur de lapins opposé à la grande distribution ?
DEBATTEUR
Robert était un grand débatteur.
Homme de conviction, il aimait convaincre.
Les plus anciens d’entre nous se souviendront avec plaisir de ces joutes oratoires qui l’opposaient, au cours des journées de l’AFEC, aux autres grands débatteurs qu’étaient Lazar FOCSANEANU, Fernand-Charles JEANTET, Xavier de MELLO, ou encore Yves SAINT-GAL.
Avec eux, le mot ennui était rayé du dictionnaire de l’AFEC et remplacé par le mot humour, car leurs débats animés étaient toujours empreints d’humour et de gentillesse.
PARTAGE
Robert aimait partager son savoir et son expérience.
Il l’a fait tout au long de sa vie professionnelle, à travers des actions de formation, à l’Antenne de Bruxelles du Barreau de Paris qu’il a activement contribué à créer, à travers l’enseignement du droit communautaire de la concurrence aux étudiants de la FACO, mais aussi par la transmission de ses connaissances aux très nombreux stagiaires et collaborateurs qu’il a accueillis dans son Cabinet.
Je sais de quoi je parle puisque j’en ai fait partie et ce n’est pas Michel PONSARD qui me démentira…
Enfin, le dernier mot que je voudrais évoquer, c’est la MODESTIE.
Des signes de reconnaissance, il en a reçus.
De multiples décorations, les Palmes Académiques, l’Ordre National du Mérite, la Légion d’Honneur…,
Une élection bien méritée au Conseil de l’Ordre du Barreau de Paris,
Un titre de Président d’honneur de l’AFEC et de la Ligue Internationale du Droit de la Concurrence,
Et je n’oublie pas son élection au Conseil Municipal d’Erquy, dont le Maire de l’époque avait fait appel à ses compétences.
Jamais ces nombreux signes de reconnaissance ne lui ont donné la grosse tête.
Robert était et est toujours resté modeste et profondément humain.
Ceux qui auront eu la chance de croiser son chemin le savent et s’en souviennent.
Mary-Claude MITCHELL
Vice-Présidente de l’AFEC
LPLG AVOCATS